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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 12:20

Une autre des pratiques répandues du darwinisme social est l'eugénisme, la science qui cherche à améliorer la race humaine au moyen de la reproduction. Le terme fut d'abord proposé en 1883 par le cousin de Darwin, Francis Galton, et se compose de deux mots grecs : eu (bon) et genet (naissance). Ensemble, le mot signifie "bien-né" ou "santé génétique". Loin du sens linguistique et d'avoir une connotation positive, ce concept mène à une cruauté sauvage.

Les partisans de l'eugénisme prétendaient que seule leur propre race ou classe nécessitait protection et progrès, tandis que les autres races ou classes devaient être soumises à une "sélection artificielle". Selon Galton, psychologue et physiologiste, cette protection était réservée à l'unique classe supérieure britannique. Il proposa par conséquent que l'on empêche les pauvres, les malades, les faibles et les non doués de talents de se multiplier.

 D'autre part, les nazis estimaient que ceux qui n'étaient pas de sains aryens représentaient un fardeau pour la société et devaient être éliminés par la stérilisation ou l'extermination. Ils mirent en pratique, par la suite, ces idées. Dans le cadre de leur politique eugénique, ils stérilisèrent des centaines de milliers de personnes et en tuèrent des milliers qui étaient malades, infirmes, handicapés mentaux, âgés, incultes ou sans familles, en les envoyant dans les chambres à gaz, en les empoisonnant ou en les laissant mourir de faim.

Les adeptes de l'eugénisme pensent que la plupart des traits d'une personne sont hérités ou l'affirment en partie. Selon Galton entre autres, les caractères handicapants comme la fainéantise ou la pauvreté faisaient également partie de l'héritage. S'imaginant que des parents oisifs engendreraient des enfants oisifs, ils essayèrent d'empêcher ces personnes de se marier dans un premier lieu. Il est intéressant de voir comment les évolutionnistes pouvaient défendre une idée si dépourvue de logique et de sens, au nom de la science.

 

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Une photographie d’une classe formée à l’eugénisme en 1914

 L'eugénisme des darwinistes conduisit à de grandes souffrances. L'examen du développement d'une telle cruauté donnera une meilleure appréciation des fondations de ceux qui la défendirent. Il est par conséquent important de comprendre comment Darwin soutint et encouragea une telle perversion au nom de la science. Bien que les origines de l'eugénisme remontent aussi loin que La République de Platon, avec le darwinisme il acquit une couverture scientifique et faillit même devenir une branche de la science. Karl Pearson dont nous avons déjà cité les opinions racistes et qui fut fortement influencé par

Galton, affirmait que la théorie de l'évolution sous-tend l'origine de l'eugénisme :

... La pensée de l'eugénisme moderne surgit seulement au 19ème siècle. L'émergence de l'intérêt pour l'eugénisme pendant ce siècle avait de nombreuses sources. La plus importante fut la théorie de l'évolution, car les idées de Francis Galton sur l'eugénisme- et c'est lui qui créa le terme eugénisme- étaient un corollaire direct logique de la doctrine scientifique élaborée par son cousin Charles Darwin.103

L'eugénisme : le legs de Darwin à son cousin Galton

Les fondations de la perversion eugénique furent en réalité jetées par Malthus et Darwin. L'essai de Malthus, la source d'inspiration de Darwin, contenait les idées de base qui allaient constituer l'eugénisme. Par exemple, Malthus estimait que les êtres humains pouvaient se multiplier à travers les mêmes méthodes que celles utilisées pour l'élevage du bétail : 

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Selon les eugénistes, les personnes âgées étaient également des individus faibles et fragiles qu’il fallait éliminer. Ni respect, ni amour ne leur étaient témoignés. Elles devaient tout simplement être supprimées de la société.

Il ne semble, cependant, en aucun cas, impossible qu'au moyen de la reproduction, un certain degré d'amélioration similaire à celui des animaux puisse avoir lieu chez les hommes. Que l'intellect puisse être communiqué est matière à équivoque, mais la taille, la force, la beauté, la couleur et peut-être la longévité sont à un certain degré transmissibles.104

Malthus considéraient les êtres humains comme une catégorie d'animaux. Son point de vue influença Darwin, qui fit des prédictions et notamment celle de l'eugénisme. Dans La filiation de l'homme, il exprima sa préoccupation des conséquences négatives sur la tendance biologique du refus de l'élimination des faibles à cause de diverses pratiques sociales. Selon lui, puisque les individus imparfaits chez les "peuples sauvages" et les animaux étaient rapidement éliminés, il était d'autant plus grave chez les hommes civilisés de les protéger par des médicaments ou des bienfaiteurs. 

Les sociétés humaines avaient besoin d'être améliorées à travers la sélection artificielle, en éliminant le faible et le malade, à l'image des élevages animaux :

Il n'est personne qui, s'étant occupé de la reproduction des animaux domestiques, doutera que cela doive être hautement nuisible pour la race de l'homme. Il est surprenant de voir avec quelle rapidité un manque de soins, ou des soins mal adressés, conduisent à la dégénérescence d'une race domestique ; mais excepté dans le cas de l'homme lui-même, presque personne n'est si ignorant qu'il permette à ses pires animaux de se reproduire.105

Chez les sauvages, les faibles de corps ou d'esprit sont bientôt élimines ; et ceux qui survivent affichent généralement un état de santé vigoureux. Nous autres hommes civilisés, au contraire, faisons tout notre possible pour mettre un frein au processus de l'élimination ; nous construisons des asiles pour les idiots, les estropiés et les malades ; nous instituons des lois sur les pauvres ; et nos médecins déploient toute leur habilité pour conserver la vie de chacun jusqu'au dernier moment... Ainsi, les membres faibles des sociétés civilisées propagent leur nature.106

Ces mots, traduisant une mentalité malade, formaient l'encouragement de base aux racistes, partisans de l'eugénisme et défenseurs de la guerre pour finalement infliger de terribles catastrophes à l'humanité. A la fin de La filiation de l'homme, Darwin déclarait encore que "la lutte pour l'existence" profitait à l'humanité, que le plus doué réussirait mieux dans la bataille de la vie que les moins doués, sans quoi les hommes couleraient dans l'indolence.107

Avec ces théories distordues, Darwin jeta les bases des pratiques eugéniques. La théorie de l'évolution instituée en fait scientifique permit aux politiques eugéniques et racistes d'être acceptées et mises en application

L'eugénisme en Grande-Bretagne

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Galton mena une étude illogique vouée à l’échec afin de déterminer les caractéristiques génétiques communes des criminels, en se basant sur les empreintes digitales et la forme du visage.

Le dirigeant du mouvement eugénique était le cousin de Darwin, Francis Galton, mais Leonard Darwin, le propre fils de Darwin, fut également l'un des partisans de l'eugénisme en Grande-Bretagne. Winston Churchill prêta également son soutien au mouvement.108

Galton considérait qu'il fallait se conformer au principe de "survie du plus apte" et que seuls les plus aptes étaient autorisés à participer au monde. D'après sa thèse illogique et non-scientifique, l'humanité était en position de contrôler sa propre évolution et même de produire sa propre race supérieure. Galton affirmait ouvertement sa foi en la supériorité de "la classe supérieure" et de la "race supérieure". Selon lui encore, les noirs possédaient un bas niveau d'intelligence :

... Le nombre parmi les nègres de ce que nous appelons de faibles d'esprit est très important. Chaque livre faisant allusion aux serviteurs nègres en Amérique est riche en exemples. Je fus moi-même très impressionné par ce fait durant mes voyages en Afrique. Les erreurs effectuées par les nègres dans leurs propres affaires étaient si puériles, stupides, nigaudes et fréquentes au point de me faire honte de ma propre espèce.109

Galton alla jusqu'à suggérer que certaines races de chiens étaient plus intelligentes que certaines races d'hommes.110  Mais dans son évaluation des noirs et des esclaves, il ignorait un point évident : la grande majorité des livres concernant les esclaves étaient rédigés par des propriétaires d'esclaves. Par ailleurs, dans la mesure où les esclaves étaient immergés dans une société totalement étrangère, dans une culture dont ils ne connaissaient rien, il est naturel que leur comportement ait pu sembler ignorant. Si un Européen devait aller vivre dans un village africain, il aurait certainement fait preuve de la même incompétence dans l'adaptation à la culture et au mode de vie étranger.

Plus grave encore est l'absence de validité scientifique des déclarations de Galton à propos des noirs ou de ses propres concitoyens allant s'installer dans d'autres contrées. Elles s'appuyaient uniquement sur les hypothèses illusoires de prétendus scientifiques, dont le cerveau fut envahi par une vision du monde matérialiste, sous la pensée primitive de l'époque.

Les thèses de Galton pleines de préjugés et d'incohérences ne se limitaient pas à cela. Il proposa par exemple pour créer du progrès social d'empêcher la reproduction de ceux dont les niveaux d'intelligence étaient bas et d'encourager la reproduction des plus intelligents. Sinon, il mit en garde contre un effondrement social. Bien évidemment, l'effondrement social est venu de l'application du modèle proposé par Galton et ses semblables, reposant sur le massacre, le conflit et la violence. Lors d'une conférence donnée à l'Institut Huxley en 1901, Galton prétendit que "les cerveaux de notre nation se situent dans les plus hautes de nos classes".111 Par ailleurs, il recommanda l'identification à la naissance des enfants des hautes classes et un paiement de 1.000 livres sterling à leurs familles. Il invitait les femmes des classes supérieures à donner naissance à au moins un fils et une fille supplémentaires.112 

En s'imaginant que l'augmentation de la population des classes supérieures pouvait mener au progrès social, Galton manqua de rationalité, de logique et de preuves scientifiques. De nombreux éléments contribuent au progrès d'une société, notamment et principalement les valeurs morales et les caractères de ceux qui font la société. Une société dont les membres sont dotés de valeurs morales fortes et de caractères forts peut progresser rapidement et de manière permanente. Il est toutefois impossible de transmettre ces caractéristiques génétiquement. Celui qui veut faire avancer sa société doit se concentrer sur le renforcement spirituel des individus par diverses voies culturelles et éducatives.
Galton et ceux comme lui cherchaient à augmenter le nombre des riches et à réduire celui des pauvres en traitant les êtres humains littéralement comme des animaux dans les pays de leur influence, et cherchaient même à justifier le meurtre. Ce sont les incarnations d'une terrible cruauté et d'une ignorance indescriptible.

 Néanmoins, sous l'impulsion de Galton, la première activité du mouvement eugénique en Grande-Bretagne concernait le contrôle des naissances. Cette mesure prise par ceux qui avaient été trompés par la théorie de l'évolution visait uniquement les pauvres et ceux qui appartenaient à "une race inférieure".

Dans les années 1920 et 1930, on pensait que l'augmentation de la population pauvre et la baisse de la population riche représentaient une menace. En 1925, Julian Huxley écrivit dans le magazine Nature : 

La proportion de désirables baisse, celle des indésirables augmente. La situation doit être prise en main.113

Selon les eugénistes, la première étape pour assurer un équilibre entre les "désirables" et les "indésirables" était l'hygiène raciale. D'abord, il fallait déterminer pour qui "l'hygiène raciale" était souhaitable et pour qui elle ne l'était pas. Des moyens excessivement primitifs et incroyables furent utilisés pour établir cette distinction. En Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, par exemple, les têtes des personnes furent mesurées. Dans le cadre de ces campagnes sous la direction de Galton, les tailles des crânes furent mesurées et l'intelligence déduite de ces résultats. La science allait toutefois révéler plus tard l'absence de relation entre les mesures crâniennes et le niveau d'intelligence.

Après les mesures crâniennes, on utilisa les tests d'intelligence. D'après les résultats, il était décidé que certains devaient être stérilisés et gardés en observation et supervision à vie. On se rendit compte plus tard que les tests d'intelligence ne donnaient pas des résultats fiables. Ces analyses traduisaient l'ignorance scientifique de l'époque. Les tests ne prenaient pas en compte ni les conditions dans lesquelles les sujets testés avaient été élevés ni leur éducation. Les résultats concluaient s'ils étaient intelligents de manière innée. En tous les cas, l'objectif n'était pas d'assurer des résultats fiables mais d'éliminer ou d'isoler les pauvres, les malades, et les races inférieures indésirables.

L'eugénisme aux Etats-Unis 

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L’Université de Heidelberg honora H. Laughlin, un éminent eugéniste, pour son travail sur “la science de l’hygiène raciale”. Cette coupure de journal reprend cette information.

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The Eugenics Record Office – ERO (Bureau d’enregistrement de l’eugénisme) de New York et Charles B. Davenport

Après la mort de Galton, la direction du mouvement eugénique passa en Amérique. Henry Gobbard, Henry Fairfield Osborn, Harry H. Laughlin et Madison Grant étaient quelques-uns des héritiers américains de Galton.

La Fondation Rockefeller et l'Institution Carnegie étaient en tête de liste des partisans de l'eugénisme aux Etats-Unis. La Fondation Rockefeller finançait l'Institut Kaiser Wilhelm, l'un des dirigeants du mouvement eugénique en Allemagne. En 1920, il fit construire un bâtiment spécial pour la recherche génétique du professeur Ernst Rüdin qui était obsédé par l'idée de l'hygiène raciale. Le mouvement de l'hygiène mentale était largement soutenu par la Fondation Rockefeller. Le prix Nobel Dr Alexis Carrel également de la Fondation Rockefeller applaudissait joyeusement au massacre perpétré en Allemagne et n'avait aucune réserve sur les malades mentaux et les prisonniers inculpés exécutés en masse.114

La perversion de l'eugénisme conduisit de nombreux états américains à passer des lois de stérilisation contraintes. Aux Etats-Unis, un total de 100.000 personnes furent stérilisées contre leur gré. Pour citer un exemple des dimensions de la barbarie eugénique, au début du 20ème siècle, 8.000 personnes soi-disant "inadaptées" furent stérilisées en Virginie.
Cette pratique inhumaine était légale dans certains états jusqu'en 1974.115 L'un des Américains les plus en avance en matière d'eugénisme était le généticien Charles B. Davenport, connu pour ses articles cherchant à combiner les lois génétiques avec le darwinisme. Pourtant ses déclarations n'allaient pas au-delà de simples suppositions. En 1906, il insista pour que l'American Breeders' Association (Association des éleveurs américains) mène une étude sur l'eugénisme. En 1910, il fonda l'Eugenics Record Office- ERO- (Bureau d'enregistrement de l'eugénisme) qui recevait de 13 à 29% du budget mis de côté pour la Station for Experimental Evolution (Station pour l'évolution expérimentale). En résumé, l'ERO était bien mieux financé que d'autres institutions scientifiques de l'époque. Cette organisation formait des personnes au développement de la barbarie eugénique. On enseignait aux étudiants à appliquer et à évaluer plusieurs tests d'intelligence, tels que Stanford-Binet, intensivement utilisé dans les pratiques eugéniques.116

 

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La prétendue base scientifique de l’eugénisme est la théorie de l’évolution. Une affiche soulignant le lien entre l’eugénisme et l’évolution.

Les personnes formées par l'ERO étaient responsables de rassembler des statistiques dans leur domaine. Avec ces données, l'ERO visait à empêcher ceux qu'il estimait inadaptés de se marier et d'avoir des enfants. En 1924, l'ERO ébaucha une proposition de loi sur la stérilisation, qui recommandait la stérilisation des personnes commettant le "crime" d'être malades. 

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The American Eugenics Association (Association américaine de l’eugénisme) donnait des leçons durant les foires d’état et organisait des compétitions permettant de désigner les familles les plus aptes.

Pour la raison et la conscience, il est inacceptable de stériliser des individus contre leur gré. Au contraire, ceux qui souffrent de défauts génétiques, de maladies ou de handicaps physiques ou mentaux, devraient être traités avec affection et compassion. Dans les sociétés où dominent les valeurs morales religieuses, ces personnes sont protégées et leurs besoins satisfaits au mieux. Ce n'est rien moins que de la barbarie que de chercher à stériliser de force ou à éliminer ceux décrits par les partisans de l'eugénisme comme ayant des tendances criminelles. Ces personnes peuvent être éduquées au cours de programmes culturels adaptés et se rendre utiles en tant que membres de la société. Même quand il est difficile de faire progresser une personne, la solution la plus éthique et la plus juste doit être recherchée, au lieu de les exterminer.

Au cours des années suivantes, le bon sens des Américains comprit que l'eugénisme était de la sauvagerie totale et on prit les mesures nécessaires pour mettre un terme à ces pratiques. Pourtant en même temps, les nazis avaient adopté les lois américaines comme modèle de leurs premières mesures concernant la stérilisation. Ainsi stérilisèrent-ils de force deux millions de personnes.117

Comme l'indiquent les exemples cités, la propagande trompeuse du darwinisme social tente de désensibiliser les hommes les uns contre les autres, d'éliminer les sentiments de sympathie et de compassion jusqu'à ce que les êtres humains se traitent littéralement comme des animaux. C'est exactement le contraire des vertus imparties par les valeurs morales religieuses. Dieu commande de soigner les faibles et les indigents, de protéger les malades et les laissés pour compte. Quelles que soient les circonstances, Dieu ordonne aux croyants d'assurer le confort des autres avant le leur, et d'être toujours patient et généreux. A ceux qui font le bien et restent patients, Dieu annonce une bonne nouvelle :

Ils offrent à manger, malgré leur dénuement, au pauvre, à l'orphelin et au captif : "[en pensant] " Nous vous offrons de la nourriture seulement  [pour plaire] à Dieu, ne voulant de vous ni rétribution ni reconnaisance. En vérité, nous redoutons, de notre Seigneur, un jour sévère, menaçant." Dieu les preservera donc du malheur d'un tel jour et leur fera connaitre la splendeur et la joie. En récompense de leur patience, il leur accordera un jardin et [des vêtements de] soie. (Sourate al-Insan, 8-12) (traduction hamza boubekeur. ndlr)

L'eugénisme en Allemagne

La biographie d'Adolf Hitler par Ian Kershaw en 1998 affirme que le darwinisme social, l'eugénisme et le fascisme étaient étroitement reliés en Allemagne dans les années 1920 : 

Le nationalisme intégral, ... le national-socialisme, le darwinisme social, le racisme, l'anti-sémitisme biologique, l'eugénisme, l'élitisme se côtoyaient avec des forces variables... 118 

Dr Robert Youngson, qui étudia les erreurs dans l'histoire de la science, analysa que l'idée d'eugénisme est à l'origine du massacre nazi, et que l'eugénisme même était une terrible erreur scientifique :

Le point culminant du côté sombre de l'eugénisme fut bien sûr la tentative d'Hitler de produire une "race supérieure" en encourageant l'accouplement d'Aryens purs et en assassinant six millions de personnes qu'il jugeait avoir des gènes inférieurs. Il est à peine juste de blâmer Galton pour l'holocauste ou pour son échec à anticiper les conséquences de son plaidoyer en la matière. Mais il était certainement le principal architecte de l'eugénisme et Hitler était certainement obsédé par cette idée. Alors, en termes de conséquences, celle-ci se qualifie en tant que l'une des plus grandes bourdes scientifiques de tous les temps.119

Qualifier le point de vue irrationnel et non scientifique de Galton de "bourde scientifique" est en réalité une approche un peu trop optimiste et légère. Dans les faits, les positions de Galton et de ses semblables étaient à l'origine d'une sauvagerie et d'un massacre sans pareil. Lorsque l'Allemagne nazie adapta la vision du monde darwiniste sociale à la société, les catastrophes qui en découlèrent sont une leçon de ce qui peut se produire.


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De nombreux enfants furent négligés et mal-aimés parce qu’ils n’appartenaient pas à la race aryenne. Des efforts étaient même entrepris pour les tuer ou les stériliser sous différents prétextes.


Les nazis firent une politique d'état des meurtres de tout être humain inférieur, déficient, imparfait et malade "polluant" la race aryenne. Hitler en explique la raison :

Les peuples en décomposition... Sur le long terme, la nature élimine les éléments nocifs. On peut être dégoûté de cette loi de la nature qui exige que tous les êtres vivants se dévorent mutuellement. La mouche est gobée par la libellule, qui elle-même est avalée par l'oiseau, qui lui-même est la victime d'un oiseau plus grand... Connaître les lois de la nature nous permet d'y obéir.120

Hitler commit la grave erreur de suggérer que les divers phénomènes maintenant l'équilibre écologique dans la nature pouvaient également s'appliquer aux êtres humains. Si les animaux se considèrent les uns les autres comme des proies, cela ne signifie pas que les hommes doivent détruire impitoyablement ceux qu'ils considèrent plus faibles. Par ailleurs, les animaux n'ont pas de conscience. Les êtres humains sont à la fois conscients et consciencieux. Ils peuvent, grâce à leur capacité de jugement, distinguer le bien du mal. Seuls ceux qui, comme Hitler, cherchent à justifier leurs déséquilibres psychologiques affirment que les êtres humains devraient avoir un mode de vie animal. Hitler exprima la portée de ces idées :

Si je pouvais accepter un commandement divin, ce serait : "Vous préserverez les espèces." La vie de l'individu ne doit pas être établie à un prix trop élevé. Si les individus étaient importants aux yeux de la nature, la nature aurait pris soin de les préserver. Parmi les millions d'æufs que la mouche pond, très peu écloront- et pourtant la race des mouches prospère.121

La vie de tout être humain est chère, peu importe sa race, son genre ou sa langue. Les hommes pourvus de conscience doivent tout faire en leur pouvoir pour protéger chaque être humain indépendamment de ses caractéristiques raciales ou physiques. La deuxième guerre mondiale dévoila aux yeux de tous les dommages causés par les idéologues nazis peu regardant de la valeur de la vie humaine et leurs velléités de vengeance à l'égard des autres nations. La vision du monde d'Hitler représentait un cauchemar même pour son propre peuple. L'eugénisme, largement mis en application en Allemagne, en est l'illustration.

La montée du mouvement eugénique en Allemagne

En 1900, l'industriel allemand Alfred Krupp sponsorisa un concours du meilleur essai sur le sujet : "Que peut nous apprendre la théorie de l'évolution sur le développement politique intérieur et la législation d'état ?"

 

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Des échantillons d’études eugéniques menées par le Kaiser Wilhelm Institute

 Le premier prix fut remporté par Wilhelm Schallmayer qui interpréta la société de culture, la moralité et même les notions de bien et de mal en termes de lutte pour la survie. Il voulait aligner toutes les lois avec ces concepts afin d'empêcher les races blanches de dégénérer et de rétrograder au niveau des Aborigènes australiens. Car aussi longtemps que la société protégeait les faibles mentalement et physiquement, la dégénérescence était inévitable. Dr Alfred Ploetz, le darwiniste social qui introduit l'hygiène raciale en Allemagne, annonça son soutien total des idées barbares de Schallmayer. Il ajouta, par exemple, qu'en temps de guerre, les races inférieures devaient être envoyées au front afin de protéger la race blanche. Puisque les soldats combattant sur les lignes de front étaient généralement tués, cela préservait la partie plus pure de la race d'être affaiblie inutilement. Il alla plus loin en suggérant qu'un panel de médecins assiste à chaque naissance afin de juger si l'enfant était suffisamment apte à vivre, dans le cas contraire, il recommandait de le tuer.122

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Ces recommandations terrifiantes constituaient les premiers mouvements vers l'eugénisme avant le règne nazi. Le 14 juillet 1933, quatre mois après les élections qui amenèrent les nazis au pouvoir, le mouvement eugénique et l'idée d'hygiène raciale se répandirent rapidement. Avant cette date, la stérilisation à des fins eugéniques était interdite, bien qu'elle fût pratiquée. Dès lors l'autorisation fut accordée pour mettre en place une sauvagerie eugénique sous le nom de "Loi pour la prévention des maladies héréditaires dans la postérité", plus connue comme étant la loi de la stérilisation. L'architecte en chef de cette horreur était Ernst Rüdin, professeur en psychiatrie à l'Université de Munich et directeur de l'Institut Kaiser Wilhelm. Peu après la promulgation de loi de la stérilisation, Rüdin- avec des avocats et des spécialistes du parti nazi- publia une déclaration sur le sens et les objectifs de cette loi. L'intention était de débarrasser la nation des éléments "impurs et indésirables" afin qu'elle puisse atteindre l'idéal aryen.

Seuls ceux trompés par le darwinisme social peuvent juger acceptable le traitement inhumain de l'eugénisme infligé aux faibles. Tous les hommes ont besoin d'être aidés dans leurs maladies ou leurs faiblesses. Les nazis pensaient qu'ils pouvaient les traiter à leur guise, laissant libre cours à leur barbarie aussi longtemps que leur présence au pouvoir.

 

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Selon cette terrible loi mise en application en Allemagne, la stérilisation pouvait être effectuée sans l'aval de la personne concernée. Un médecin d'état avait le droit légal de stériliser de force, avec l'assistance de la police. Dans son livre Into the Darkness : Nazi Germany Today (Dans l'obscurité : l'Allemagne nazie aujourd'hui), l'Américain pro-nazi Lothrop Stoddard écrivit ses impressions sur les tribunaux eugéniques lors d'une visite en Allemagne. Un responsable de la section tuberculeuse des quartiers généraux des services de santé publics dit à Stoddard :


Le traitement appliqué à un tuberculeux est partiellement déterminé par sa valeur sociale. S'il s'agit d'un citoyen de valeur et si son cas est guérissable, aucune dépense n'est épargnée. S'il est jugé non guérissable, aucun effort spécial n'est fait pour prolonger une existence qui ne bénéficiera ni à la communauté ni au malade. L'Allemagne peut nourrir uniquement une certaine quantité de vies humaines à un moment donné. Nous, nationaux socialistes, avons le devoir de promouvoir des individus de valeur sociale et biologique.123

D'après les valeurs morales islamiques, les hommes ont un droit égal de traitement, peu importent leurs ressources matérielles, leur rang ou leur statut. Abandonner les hommes à la mort parce qu'ils ont des défauts physiques ou ne sont pas riches équivaut au meurtre. Et chercher à mettre cela en place dans la sphère sociale équivaut au meurtre de masse.

La portée de la loi sur la stérilisation de l'Allemagne nazie fut davantage élargie. La loi de 24 novembre 1933 permettait la castration des criminels sexuels. Les thèses de pollution raciale des nazis incluaient désormais le crime d'opposition à la moralité publique. Les années qui suivirent allaient dévoiler les plans terribles des nazis, nullement limités à la stérilisation.

Les lois de Nuremberg 

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L’une des affiches de propagande de la race aryenne utilisées par les nazis

La loi de stérilisation ne suffisait pas pour atteindre le réel objectif des nazis. Afin d'établir une "race aryenne purifiée", les lois de Nuremberg passèrent en 1935. Dans le cadre de ces lois- où sauvagerie et barbarie étaient légalisées- était inscrit l'idéal de la purification de la race aryenne.

Le travail de purification raciale commença avec une enquête sur la généalogie des fonctionnaires. Ceux qui étaient perçus comme n'appartenant pas à la race aryenne étaient forcés à la retraite. Les lois de Nuremberg divisaient le peuple allemand en deux : ceux qui étaient les sujets de l'état et ceux qui jouissaient d'une citoyenneté entière et de droits politiques. Les juifs, les tsiganes et les membres d'autres races n'étaient que des sujets de l'état sans droits de citoyenneté. La deuxième loi de Nuremberg "Pour la protection du sang allemand et de l'honneur allemand" (connu comme étant la loi de la protection du sang) cherchait à garantir la pureté raciale de la nation.

D'après cette nouvelle loi, le mariage entre les citoyens allemands et les sujets allemands devint un crime. Cela représentait un précédent aux pratiques futures mises en place pour isoler "les individus indésirables".

Les programmes de spécification de la race supérieure

La première étape dans le programme eugénique consistait à classer les caractéristiques de la classe supérieure. En voici une énumération :

Blond, grand, le crâne long, le visage étroit, le menton prononcé, le nez étroit avec un pont haut, le cheveu doux, des yeux clairs espacés, la peau d'un blanc rosé.124

Ces critères incontestablement issus d'une mentalité perverse sont à la fois une violation de la science et moralement inacceptables. Comme nous l'avons déjà souligné, il n'existe aucune raison logique ou morale à la discrimination d'hommes sur la base de la couleur de peau, des yeux ou des cheveux.

 

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Les mesures crâniennes, la couleur des cheveux, la capacité pulmonaire et les empreintes digitales étaient utilisées par les eugénistes pour identifier ceux qui n’étaient pas “supérieurs”.

En dépit de ces critères, il n'était pas simple pour les nazis de distinguer les races les unes des autres. Aussi effectuèrent-ils toutes sortes de mesures, utilisant des méthodes primitives, mesurant les crânes et faisant passer une série de tests d'intelligence sans valeur scientifique. Les femmes qui répondaient aux critères raciaux nécessaires étaient placées dans des maisons spéciales pour qu'elles portent les enfants des officiers nazis aussi longtemps que cet état primitif des affaires dura. Des enfants de pères inconnus vinrent au monde dans ces fermes de reproduction immorales. Ces enfants représentaient la génération suivante de la prétendue race supérieure. Cependant, il s'avéra de façon tout à fait inattendue que le QI moyen des enfants nés dans ces fermes était inférieur au QI moyen de leurs pères et mères.125

                      Harun Yahia
                                       (extrait du livre de l'auteur: le darwinisme social)



chapitre suivant: Le programme Aktion T4 d'euthanasie - 8/12 BIS

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 NOTES: 

103. K. Ludmerer, Eugenics, dans: Encyclopedia of Bioethics, Edited by Mark Lappe, New York: The Free Press, 1978, p. 457

104. Thomas Robert Malthus, An Essay on the Principle of Population, 6ème éd., 1826, basé sur la seconde édition (1803)

105. Charles Darwin, La filiation de l’homme et la sélection liée au sexe, Editions Syllepse, Paris, p. 222

106. Charles Darwin, La filiation de l’homme et la sélection liée au sexe, Editions Syllepse, Paris, p. 222

107. Charles Darwin, La filiation de l’homme et la sélection liée au sexe, Editions Syllepse, Paris, p. 738-741

108. Allan Chase, The Legacy of Malthus, Chicago: University of Illinois Press, 1980, p. 136

109. Francis Galton, Hereditary Genius: An Inquiry into its Laws and Consequences, London: Macmillan, 1892, p. 330

110. Joseph L. Graves Jr., The Emperor's New Clothes, Rutgers Universtiy Press, 2001, p. 96

111. Ibid., p. 99

112. Ibid.

113. Nature 116 (1925), p. 456.

114. Bernhard Schreiber, The Men Behind Hitler - A German Warning to the World, p. 18

115. Bob Brown, "Va. House Voices Regret for Eugenics", Washington Post, 3 février 2001

116. Graves, Jr., The Emperor's New Clothes, pp. 116-117

117. Ibid., p. 119

118. Ian Kershaw, Hitler, New York: W.W Norton & Company, 1998, p. 134

119. R. Youngson, Scientific Blunders; A Brief History of How Wrong Scientists Can Sometimes Be, New York: Carroll and Graf Pub., 1998

120. A. Hitler, Hitler's Secret Conversations 1941–1944, With an introductory essay on The Mind of Adolf Hitler by H.R. Trevor-Roper, New York: Farrar, Straus and Young, 1953, p. 116

121. Ibid.

122. Schreiber, The Men Behind Hitler

123. Ibid.

124. J. C. Fest, The Face of the Third Reich, New York: Pantheon, 1970, pp. 99–100

125. Jerry Bergman, "Darwinism and the Nazi Race Holocaust"; http://home.christianity.com/worldviews/52476.html

 

 

 

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